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Adieu les Aztèques… Bonjour les Mexicas

Mise à jour le vendredi 17 mai 2024 par Pierre

Avec Steve Bourget, archéologue, responsable des collections Amérique au musée du quai Branly – Jacques Chirac

Conquise le samedi 13 août 1521, il y a depuis, à peu près 503 ans 1 mois 18 jours, par Cortez et ses conquistadors, la cité de l’empereur Moctezuma II, la fameuse Tenochtitlan, puisque tel est son nom, est alors rapidement rasée pour édifier la Mexico hispanique.

Aujourd’hui, la ville de Mexico est l’objet de toutes les attentions des archéologues, puisque sous la métropole de 20 millions d’habitants vivant à plus de 2 400 mètres d’altitude, se cache le passé de Tenochtitlan, cité édifiée au début du 14e siècle, peut-être même en 1325 – d’après les codex mythiques – et qui fut, avec plus de 200 000 habitants, la capitale d’un empire, le plus vaste d’Amérique. Oublié, ce passé a été entrevu, pour la première fois, en 1978, et depuis plus de quarante ans, un vaste programme de recherche œuvre à son exhumation. C’est sur le Templo Mayor, le grand espace sacré et cérémoniel de Tenochtitlan, que des découvertes extraordinaires se sont enchaînées, nous permettant de percevoir la société et les religions des aztèques.

Masque olmèque credit photo Jorge Perez de Lara secretaria de cultura INAH mexique

Vous avez dit Mexica ?

Le mot “Aztèque”, donné par le fameux explorateur Alexander von Humboldt, en référence à la mythique cité d’Aztlan (le lieu de la blancheur), caractérisait la société la plus complexe et la plus raffinée du monde mésoaméricain, mais aussi un peuple, un empire. Il semble aujourd’hui banni puisqu’il s’agirait d’une appellation impropre pour désigner le peuple mexica établi dans le bassin de Mexico à partir du 13e siècle et jusqu’en 1521. L’archéologie est, bien entendu, ici l’objet d’un enjeu tout à la fois politique et identitaire.

L’enceinte sacrée de Tenochtitlan

L’enceinte sacrée de Tenochtitlan, centre de sacrifices divins de l’empire mexica, est l’un des sites liturgiques majeurs de la Mésoamérique. Elle était entourée par une large plateforme interrompue par des entrées. Une grande variété d’édifices religieux s’y trouvait, séparés les uns des autres par des places, des cours ou des voies : solides pyramides couronnées de chapelles (teocalli), plateformes cérémonielles (momoztli), socles supportant des palissades où étaient exposés les crânes des sacrifiés (tzompantli), temples-écoles pour la noblesse (calmecac), oratoires pour les prières, dépôts d’armement (tlacochcalco).

En 1519, Hernán Cortés dénombre “quarante tours très hautes et bien construites”, tandis que le frère Bernardino de Sahagún décrit soixante-dix-huit bâtiments de tailles et de fonctions diverses. L’enceinte cérémonielle principale, dont le Templo Mayor est un centre cosmogonique, voit converger d’innombrables dons somptuaires provenant de tous les coins de l’empire (or, jade, turquoise, plumes multicolores et animaux exotiques). Les super-prédateurs étaient enterrés dans des boîtes en pierre de taille au pied du Templo Mayor. Ils symbolisaient probablement les guerriers morts sur le champ de bataille et sur l’autel sacrificiel, ainsi que les femmes décédées en couches. Ce serait le cas d’un loup mexicain paré d’un anneau de nez et d’ornements d’oreilles, inhumé entre 1486 et 1502.

Le mythe de la “montagne des serpents”

Le mythe qui se déroule sur la “montagne des serpents” (Coatepec) met en scène Huitzilopochtli, dieu du soleil et de la guerre, qui, surgissant les armes à la main du ventre de sa mère, déesse de la terre, pourfend et démembre sa demi-sœur, déesse de la lune, ainsi que ses 400 frères venus le tuer au sommet de la montagne. Chaque dieu mort constitue alors une étoile, la sœur de Huitzilopochtli étant la Lune. La victoire journalière du soleil sur les forces nocturnes rappelle cet épisode. Ce mythe s’inscrit dans la pierre du Templo Mayor, car le côté sud du temple se réfère à la déesse de la lune, Huitzilopochtli (dieu tutélaire du pouvoir mexica) victorieux au sommet, et Coyolxauhqui, sa sœur, gisant démembrée au pied de l’escalier.

Ce mythe constitue un événement majeur, fondant la politique et la théologique du pouvoir mexica, comme la justification de la guerre, comme outil de développement de l’empire.

À voir, une magnifique exposition, Mexica, des dons et des dieux au Templo Mayor, au musée du quai Branly-Jacques Chirac du 3 avril au 8 septembre 2024. Présentation vidéoArrivée des objets et installation de l’exposition (reportage en espagnol).

Pour aller plus loin

 


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