Mise à jour le samedi 20 avril 2024 par Pierre
Une terrasse dominant le Lac Léman
Cette zone funéraire est située sur une terrasse constituée d’anciens niveaux lacustres, dominant le lac Léman, aujourd’hui traversée par un axe majeur reliant Thonon-les-Bains à Évian-les-Bains, la RD 1005. La proximité de nombreux aménagements contemporains a toutefois contraint l’intervention.
En outre, l’observation fine des niveaux stratigraphiques indique d’importants travaux de décaissement et remblaiement destinés à niveler la zone. Le paysage initial, au moment de l’implantation des tombes, correspond à une terrasse aux reliefs plus élevés vers l’ouest où se développe l’occupation. La déclivité vers l’est, aujourd’hui réduite et invisibilisée par les apports de terre, indique une potentielle limite de la zone sépulcrale.
Une chronologie encore hypothétique
L’attribution chronologique à l’époque médiévale de cette occupation funéraire repose sur les données acquises anciennement. Un autre possible tronçon de cette ancienne zone funéraire, qui avait disparu des mémoires collectives, avait été découvert fortuitement dans les années 1970 lors de la construction des HLM. Une opération de sauvetage avait révélé 11 tombes en coffre de dalles grâce à l’investissement du Groupement de Recherches Archéologiques de Thonon (GRAT). L’occupation sépulcrale pourrait en effet occuper toute la partie sommitale de la terrasse lacustre, avec une extension supposée en direction du nord-est.
Des pratiques funéraires standardisées
Les 42 sépultures primaires individuelles sont implantées de manière assez lâche et regroupées dans la partie médiane de l’emprise de fouille. Les défunts sont inhumés dans de larges et profondes fosses orientées ouest-est, avec seulement deux recoupements identifiés. La position des corps est très standardisée : ils reposent tous allongés sur le dos, tête à l’ouest, pieds à l’est. Les sujets ont les bras plaqués contre le corps, tandis que les avant-bras sont fléchis, placés sur le bassin ou sur le thorax. Les jambes sont en extension, convergentes et parfois, jointes au niveau des chevilles.
Les observations anthropologiques réalisées sur le terrain ont d’ores et déjà permis de restituer la présence initiale de coffrages en matériaux périssables d’après les effets de contraintes exercés sur la position de certains ossements à distance des parois de la fosse. Dans une dizaine de tombes, les sédiments ont permis la conservation de manière exceptionnelle de vestiges ligneux appartenant à ces aménagements internes (couverture ou parois de coffrage). Ces derniers ont été prélevés en vue d’analyses approfondies, notamment d’identification des essences. La position de certains os témoigne d’effets de contention indiquant aussi l’existence d’enveloppe souple (linceul ou vêtements).
Les squelettes présentent un mauvais état de conservation global (fragmentation) compte tenu de leur ensevelissement dans des sédiments favorisant la circulation d’eau et maintenant l’humidité. Par un enregistrement adapté, il a été ainsi possible de limiter la perte de données par l’acquisition de données primaires essentielles, notamment portant sur l’identité biologique des défunts (estimation de l’âge au décès, diagnose sexuelle) et de faciliter l’étude en laboratoire. Les données biologiques recueillies par les anthropologues ont également permis de définir un espace communautaire où les tombes adultes (hommes et femmes, tout âge confondus) côtoient celles des enfants.
Ce site offre l’opportunité d’apporter un nouvel éclairage des pratiques funéraires dans un secteur où les données archéologiques sont encore disparates. Les résultats mis en perspective avec les données anciennes permettront également de préciser l’ampleur de cette zone sépulcrale tandis que l’habitat qui leur est lié demeure inconnu. Cette intervention contribuera ainsi à une meilleure connaissance de l’occupation médiévale des rives du lac Léman, sur la commune actuelle de Publier, que l’archéologie a encore peu documentée.
Aménagement : Haute Savoie Habitat et ville de Publier (Thonon-les-Bains)
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne – Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Alexia Lattard, Inrap
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